L‘Ivey House est déjà bouillonnante au réveil à 6h30. La salle du petit-déjeuner nous accueille avec ses toasts, ses oeufs brouillés, ses fruits frais, ses gaufres « make your own« .
Nous prenons des forces, nous ne savons pourtant pas encore ce qui nous attend. Nous avions peur hier à l’idée de pédaler dans les Everglades. Nous aurions dû nous économiser. La vraie frayeur, c’était pour aujourd’hui.
Nous avons réservé une excursion de 4 heures en canoë kayak avec Everglades Adventures (affilié à l’Ivey House, du coup vous bénéficiez d’un late check-out pour prendre la douche au retour – compter environ 110 $ avec taxes). Nous avons déjà pratiqué sur la Charente alors… Mais comment dire ? Entre la Charente et la Turner River des Everglades, rien à voir !
Nous sommes venues bien préparées avec notre Ziploc qui héberge et protège notre appareil photo, la crème solaire, l’anti-moustique. Notre guide pour l’excursion, Dylan, est relax et accueillant.
Mais nous ne nous étions pas préparées à croiser des alligators. Pour de vrai. Juste à côté.
Tout a commencé un peu de travers. À peine lancées dans l’eau, nous avons failli foncer sur un gros spécimen. Je suis passée en mode survie en faisant ce que je fais de mieux en kayak : foncer dans la verdure (arbres, mangroves, herbes sous toutes ses formes).
Une fois sorties de cette mauvaise ornière, le guide suggère que je passe en canoë mono-place et que lui monte dans le bi-place avec MJ. Je ne vais pas le contredire. Si on est mal en point, c’est lui qui nous sauvera.
Nous poursuivons notre route. Le parcours est magnifique, ombré. La faune et la flore s’admirent en silence et l’exercice n’est pas très physique en fait. Le but n’est pas d’aller vite mais d’apprécier, d’être en harmonie avec la nature jusqu’à…
Jusqu’à ce que l’on croise la route d’un alligator qui prend son bain dans un couloir étroit. Et là, c’est la panique. Je me retrouve coincée entre un arbre et un gator, qui aime bien ouvrir sa mâchoire.
Même si le guide tente de me rassurer en me disant que celui-ci est aveugle du côté gauche, qu’il ne me voit pas et qu’il a plus peur que moi, mon cerveau ne communique plus avec le reste de mon corps. Dans le combat d’intimidation : Gator : 1 / Sylvia : 0.
Il me faudra quelques minutes pour tenter d’analyser et réussir à reculer afin de lui laisser la place qu’il souhaite pour passer. J’abandonne la pagaie que je ne maitrise pas suffisamment et recule à la force des bras, en tirant sur les plantes. La séquence grosse émotion est terminée. L’appréciation du moment aussi. Le moindre bout de bois, la moindre feuille, le moindre reflet devient alligator…
Bien sûr, avec le recul, je me dis que ça ne craignait pas grand chose. Les alligators nous regardent glisser à côté d’eux et clairement, on ne fait pas partie de leur chaîne alimentaire. Mais sur le moment… Et bravo à MJ d’être passée en mode paparazzi pour ne rien rater, en images, de l’aventure. Même si elle n’en menait pas large !
Bref, nous pouvons reprendre une navigation normale qui nous emmène à l’ombre des mangroves avant d’atteindre un étang où nous faisons une pause. Dylan nous indique que, normalement, on ne croise pas autant d’alligators sur le circuit. Une chance que j’aurais bien laissée à un autre groupe. Ils n’auraient pas pu se pointer sur notre parcours d’hier où on ne craignait rien ?!
Alors, faire du kayak dans les Everglades ou ne pas en faire ?
Si je n’ai pas de regret quant à notre escapade, je ne pense pas que si c’était à refaire… Comment dire ? Je crois que je préférerais faire la descente de l’Ardèche quatre fois d’affilée. Repasser mon bac. Faire le tour de France les yeux bandés. Accomplir un Ironman sans chaussures. Bref, je crois que je ne le referais pas. Pour autant, je recommande l’expérience surtout avec l’Ivey House. Nous avons pu voir tout le professionnalisme du guide qui nous accompagnait. Grâce à son calme, ses encouragements et à ses conseils, j’ai réussi à éviter l’alligator.
Je recommande aussi de prendre le circuit de trois heures plutôt que celui de quatre (tout était déjà pris quand nous avions réservé).
Après, si vous êtes aguerris en kayak, n’hésitez pas, foncez ! Le duo allemand qui nous accompagnait, Marcel et Annie, n’a sans doute pas vécu l’excursion de la même façon que nous.
Sur ces émotions, nous sommes bien contentes d’avoir réservé, à l’improviste hier, une deuxième nuit à l’Ivey House pour ce soir plutôt que de reprendre la route en direction de la côte ouest. Nous pouvons nous relaxer à la piscine avant de braver de nouveaux sentiers.
Ceux du Fakahatchee Strand Preserve State Park, et plus particulièrement celui du Big Cypress Bend Boardwalk, soit un chemin de planches au milieu des cyprès de la Big Cypress National Reserve. Si vous avez un moment léger à passer, allez-y. Mais ce n’est pas un immanquable. Juste l’occasion pour nous de revivre nos « beaux » moments du matin avec la vision de plein de petits gator babies et, bien sûr, leur (grosse) maman pas très loin.
Nous décidons ensuite d’explorer un peu plus Everglades City à pied. Cette ville de 400 habitants n’est pas exceptionnelle mais elle a son charme avec ses jolies maisons colorées, alignées le long du canal. Et ses routes à l’américaine, larges comme nos autoroutes alors qu’il n’y a presque personne. Et son église qui se fond dans le décor. Et ses activités attrape-touriste avec de l’alligator en veux-tu en voilà. Sans oublier le magnifique panneau d’entrée de ville !
Après tout cela, le moment est bienvenu d’une petite pause piscine avant de retourner au Camellia Street Grill. Everglades City, c’est aussi (et seulement) 15 restaurants répertoriés. Dont seulement une poignée encore ouverts après 18 heures… Le choix est donc restreint. Heureusement, il est divin !
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